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QUI?

Alexandre le Grand, fils de Philippe II, roi de Macédoine, et de la princesse Olympias d’Epire.

QUOI?

Fondation du plus vaste empire de l’Antiquité (depuis la Grèce jusqu’aux portes de l’Inde) et d’une nouvelle civilisation: l’Hellénisme.

QUAND?

Naissance en 356 avant Jésus-Christ à Pella (capitale de la Macédoine); mort en 323 avant J.-C. à Babylone.

OÙ?

Conquête de la Méditerranée orientale (Athènes, Tyr, Gaza, Alexandrie d’Égypte), de l’empire perse d’Asie mineure et d’Asie centrale jusqu’à l’Inde en passant par le Golfe arabo-persique. Plus de 18 000 kilomètres parcourus.

POURQUOI?

Conviction d’être envoyé de Dieu (et fils du Dieu Amon-Zeus) pour construire un immense empire, conquérir l’univers.

Alexandre le Grand, le jeune maître de l’Orient et de l’Occident

En treize ans, Alexandre le Grand, héritier du trône de Macédoine (au nord de la Grèce actuelle) devient le plus grand conquérant de l’Antiquité en se constituant un immense empire. Depuis les montagnes macédoniennes jusqu’aux rives du fleuve Indus, au pied de l’Himalaya, il unit l’Occident à l’Orient en un espace immense qui représente aujourd’hui: la Grèce, la Turquie, Israël, la Palestine, l’Égypte, la Syrie, l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan.

Fils du roi Philippe II de Macédoine et de Olympias d’Epire, il naît dans la capitale macédonienne Pella en 356 avant Jésus-Christ. Il suit l’enseignement du philosophe grec Aristote et lit les grands textes classiques du poète grec Homère: l’Iliade et l’Odyssée. Il admire surtout Achille, le héros de l’Iliade, un livre (sous forme de rouleaux) qu’il emporte toujours dans ses voyages. Les historiens de l’Antiquité racontent, plusieurs siècles après sa mort, le destin extraordinaire de ce jeune homme surdoué et ambitieux. Plutarque dans sa « Vie d’Alexandre » écrit: « Il crut qu’il était envoyé de Dieu avec la mission d’organiser tout, de modifier tout dans l’univers. Il voulait assujettir à une seule forme de gouvernement l’univers tout entier ».

Profil d’Aristote

A 20 ans, il succède à son père assassiné en plein théâtre par un noble macédonien. Devenu roi, le jeune Alexandre décide de poursuivre l’oeuvre paternelle: l’unité et la stabilité des États européens d’abord, la préparation d’une grande expédition asiatique ensuite. Il doit faire face à des complots en Macédoine, à la révolte des peuples « barbares » du nord (les Celtes près du fleuve Danube et les peuples des Balkans) et au soulèvement des grandes cités grecs du sud qui ne supportent pas la domination de la Macédoine. N’hésitant pas à être brutal et cruel – comme dans la ville rebelle de Thèbes où il fait égorger une partie de la population et réduit l’autre à l’esclavage avant de faire raser la cité – il parvient à asseoir à nouveau la suprématie de la Macédoine sur la Grèce et fonde la Ligue hellénique. Cette Ligue est une association de tous les Hellènes (c’est à dire les peuples grecs) qui, auparavant, se faisaient la guerre entre eux à travers la rivalité de leurs grandes cités: Athènes, Spartes, Corinthe…

Il peut alors préparer le deuxième projet de son père: la conquête de l’immense empire asiatique du grand roi perse Darius III. Alexandre recrute des soldats dans toute la Grèce. Les généraux sont macédoniens et formés dans une véritable école militaire. L’infanterie est composée de la « phalange », des soldats lourdement casqués et armés d’une longue lance, et d’une infanterie légère sans armure mais plus rapide. La cavalerie est très disciplinée, armée de lances et de boucliers; elle est un élément essentiel de la stratégie d’Alexandre. Enfin, il intègre aussi des troupes de peuples alliés ou des bataillons de mercenaires.

Un tour de 18000 kilomètres…

Au fur et à mesure qu’il avancera dans son grand tour de plus de 18 000 kilomètres, des troupes venant des régions qu’il aura conquises se joindront à lui. Mais il est aussi suivi dans son périple par des commerçants, des ingénieurs, des architectes, des topographes qui dessinent les cartes, des prêtres, des philosophes, des poètes… Quand l’armée d’Alexandre se déplace, c’est toute une ville qui se déplace! C’est aussi une véritable civilisation qui se construit au travers de l’exportation de la culture grecque et de son métissage dans les autres sociétés. On parle de « culture hellénistique ».

Mais avant les mariages et le métissage, il y a d’abord le choc des armes. Évitant les batailles navales, Alexandre débarque ses 30 000 fantassins et 5 000 cavaliers sur les côtes d’Asie mineure. Près du fleuve du Granique a lieu la première bataille rangée avec les armées supérieures en nombre de Darius III. La bataille du Granique est une première victoire macédonienne (en mai 334 avant J.-C.). Alexandre marche vers le sud et les villes tombent les unes après les autres: Sardes, Ephèse, Halicarnasse… Mais Darius a reconstitué ses forces est attend la petite armée de son ennemi dans la plaine étroite d’Issos entourée de montagnes. Plus mobiles, les Macédoniens gagnent encore et Darius, en fuite, abandonne sa famille qu’Alexandre capture. Magnanime, il promet sa protection aux princesses perses. Les trésors de la ville de Damas lui permettent de payer ses soldats. Darius lui propose alors un traité de paix contre de l’argent, les pays déjà conquis et sa fille en mariage. Alexandre refuse.

Alexandre sur Bucéphale à la bataille du Granique
Les portes de l’Asie mineure lui sont ouvertes et les villes phéniciennes n’opposent pas de résistance (Byblos, Tripolis, Sidon). Il poursuit vers le sud, écrase Gaza et Tyr et entre en Égypte. La conquête est rapide car les Égyptiens, qui vivent sous la domination des Perses, l’accueillent comme un libérateur. Il fonde la première ville qui porte son nom: Alexandrie au printemps 331 avant J.-C. et s’enfonce dans le désert pour aller consulter les grands prêtres du temple d’Amon dans l’oasis de Siwah. Guidée par deux corbeaux providentiels, l’armée finit par trouver le chemin du temple mais seul Alexandre est reçu par le grand prêtre qui l’appelle « fils de Dieu ». L’oracle lui confirme aussi qu’il sera le maître de l’univers.

Cette fois, Alexandre se sent invincible. Lui qui a conquis l’Asie mineure, la Phénicie et l’Égypte, veut désormais abattre Darius et marche vers la Mésopotamie. Pourtant à la tête d’une armée colossale renforcée par des éléphants de l’Inde, le roi perse est battu dans la plaine de Gaugamèle (331 avant J.-C.). Une nouvelle fois, il doit s’enfuir. La victoire de Gaugamèle offre à Alexandre toutes les richesses de l’Asie. Babylone, la cité cosmopolite, lui ouvre ses portes, ses habitants lui jettent des fleurs et ses prêtres le sacrent « roi des quatre parties du monde ». La ville de Suse lui donne ses fabuleux trésors. A marche forcée, l’armée macédonienne gagne les remparts de la capitale Persépolis et s’en empare. Alexandre laisse piller la ville par ses soldats et incendie le palais royal, symbole de la puissance perse. Mais il regrette aussitôt son geste: n’est-il pas en train de détruire son propre empire?
Les militaires macédoniens espèrent que la conquête est finie et qu’ils vont pouvoir rentrer chez eux. Mais Alexandre se lance à la poursuite de Darius qui, abandonné par ses amis, est assassiné par ses propres généraux. Alexandre, dégoûté par cette traîtrise, couvre de son manteau le cadavre du Grand roi et décide de le venger. Il unifie toute la Perse sous son autorité et s’installe alors de plus en plus dans les habitudes monarchiques de la région. Il s’entoure de nobles perses auxquels il attribue plusieurs provinces. Il marie ses proches amis et généraux à des jeunes femmes perses et, tout en ayant un harem avec de nombreuses concubines, il épouse la belle Roxane, fille de la haute noblesse locale.

Cette union inaugure la nouvelle politique de fusion entre les cultures macédonienne et perse qu’Alexandre désire pour se faire accepter des nouveaux peuples conquis. De nombreuses Alexandrie sont fondées, véritables colonies de peuplement où se côtoient vétérans macédoniens, mercenaires grecs et indigènes. Alexandre s’habille avec la tunique pourpre rayée de blanc à la mode perse et impose à sa cour l’usage oriental de la prosternation devant le roi qui se trouve ainsi divinisé de son vivant. C’en est trop! Les Grecs et les Macédoniens sont de plus en plus choqués par ce comportement étranger à leur culture.

La colère gronde dans l’armée qui a dû aussi intégrer de nombreux bataillons perses. Des complots sont découverts. Alexandre fait condamner son ancien général Parménion dont il ne supporte plus les critiques. Trois membres de son entourage immédiat sont exécutés à la suite de procès ou d’un coup de lance par Alexandre lui-même. Le jeune roi ne se sent plus solidaire des « vieux Macédoniens » et veut reprendre la conquête avec les seuls nobles qui ne discutent plus son autorité. Se présentant comme héritier de la dynastie du grand Darius Ier qui avait étendu son administration jusqu’en Inde, Alexandre veut ce territoire extrême.

A la tête d’une forte armée, il passe le fleuve Indus et reçoit les renforts du prince indien de Taxila pour s’attaquer au roi Porus, le souverain indien de la région des Cinq-Fleuves. Au bord de l’Hydaspe (l’actuel fleuve Jhelum), Alexandre découvre l’armée impressionnante de son nouvel ennemi forte de 200 éléphants carapaçonnés. Mais les archers parviennent à blesser les animaux qui, rendus fous de douleur, sèment la terreur dans toute l’armée indienne. Porus doit se rendre. Alexandre veut continuer jusqu’au Gange. De durs combats se poursuivent avec les Indiens du Pendjab. La mousson, cette saison des pluies, rend la progression plus pénible encore. Les hommes sont à bout et refusent d’aller plus loin. Le retour commence. C’est le mois de novembre 326 avant J.C.

L’empire d’Alexandre, depuis la Grèce jusqu’à l’Indus

En bâteau sur l’Indus d’abord, l’armée d’Alexandre se sépare à Pattala. Son fidèle lieutenant Néarque prend la tête d’une expédition maritime de l’Indus à l’Euphrate en passant par la mer d’Oman et le Golfe persique; il sera le pionnier de la route de la soie. Alexandre, quant à lui, traverse avec d’autres bataillons le terrible désert de Grédosie. Sur la route du retour vers Babylone, capitale de son empire, Alexandre doit châtier durement les hommes qu’il a lui-même placés avant son expédition en Inde et qui ont profité de son absence pour piller les territoires. A Suse, il organise des fêtes extraordinaires pour célébrer son mariage avec Statira, fille aînée de Darius, et celui de 87 de ses généraux macédoniens avec des femmes de la noblesse perses.

Son meilleur ami Héphestion meurt de fièvre et Alexandre est très affecté. Les funérailles sont grandioses et bientôt suivies par une fête en l’honneur de la prochaine campagne militaire: l’Arabie. Mais au cours d’un banquet, Alexandre est à son tour saisi de fièvre. Il meurt en juin 323 de la malaria. Il n’a que 33 ans. Ses généraux vont se partager son immense empire qui se disloque rapidement. L’un d’entre eux, Ptolémée, fait transporter le corps embaumé d’Alexandre en Égypte. A Memphis puis à Alexandrie, le sarcophage du jeune conquérant fait l’objet d’un culte. Les empereurs romains César et Auguste se recueilleront devant lui puis, au quatrième siècle de notre ère, on perd la trace du tombeau du grand conquérant. La place est alors libre pour la légende.•
Gilles KRAEMER
ANECDOTES :

Alexandre et Diogène :
A son arrivée à Athènes, Alexandre demande à voir le philosophe le plus célèbre de l’école cynique, Diogène, qui cherche la sagesse en vivant dans la pauvreté (413-323 avant J.-C.). Alexandre s’approche du vieil homme qui habite un tonneau dans la rue, et le salue: « Je suis Alexandre le Grand! » L’homme le regarde et dit: « Et moi je suis Diogène le chien! » Alexandre le voyant si pauvre lui demande ce qu’il veut. Avec ironie Diogène répond: « ôte-toi de mon soleil! » Alexandre apprécie alors l’audace et l’esprit du philosophe.
Alexandre et le noeud gordien :
Dans la ville de Gordion, capitale de la Phrygie en Asie mineure, se trouve un char sacré dont le noeud qui le relie au joug est réputé pour être impossible à défaire. Un oracle avait assuré que l’empire d’Asie appartiendrait à celui qui pourrait le dénouer. Beaucoup s’y étaient déjà cassé les ongles et les dents. Alexandre prend son épée et tranche le noeud. C’est fait! Il donne ainsi naissance à une expression: « trancher le noeud gordien » signifie résoudre de façon brutale une difficulté apparemment impossible.

REFERENCES:
• BENOIST-MÉCHIN, « Alexandre le Grand »,
Paris, Presses-Pocket.
• BRIANT Pierre,
« Alexandre le Grand »,
Paris, Puf, coll.
« Que sais-je? ».
• CITATI Pietro et SISTI Francesco,
« Alexandre le Grand », Paris, Ed. de l’Arpenteur.
• Encyclopedia Universalis, article « Alexandre le Grand ».
• MANN Klaus, « Alexandre », Paris, Ed. Solin.
• PLUTARQUE,
« Vie d’Alexandre »,
Paris, Les belles lettres, Tome IX.

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